Il paraît qu’Agnès Buzyn se sent mal…
dimanche 29 mars 2020 Laisser un commentaire
… j’ai envie de demander: combien de température ?
Non pas que le spectacle d’une politocarde hydroponique (=élevée hors de tout contact avec le sol) implacablement positionnée comme fusible prête à sauter, chèvre-émissaire pour tous les manquements (de plus en plus visibles), toutes les critiques (de plus en plus véhémentes et maintenant judiciarisées), et toutes les failles (de plus en plus béantes) de Notre Système de Santé Que Le Monde Entier Patati Patata… me réjouisse.
Non, j’arrive à avoir de l’empathie même pour les cancrelats, et je peux comprendre l’état d’esprit même d’un odieux criminel ou d’un insupportable narcissique, hélas. J’ai été un connard assez souvent pour pouvoir me mettre dans les baskets d’un autre Connard. Le ressentiment d’injustice d’Agnès doit être à la mesure de la trahison qu’elle a subi de Macron. Pensez donc: celui-ci dicte la conduite du gouvernement jour après jour, au mot près, avec le tâtonnement contradictoire qui signe la plupart de ses interventions illisibles (un comble). Et elle, obéit avec la fierté du clou. Et se voit utiliser comme du papier hygiénique, au final. Fâcheux concours de circonstances, d’avoir dû dégager du gouvernement pile au moment idéal pour prendre tout dans la gueule à sa place… vraiment ?
Si vous ne connaissez pas encore Defakator, je vous invite fortement à prendre une petite heure de votre temps pour le découvrir ci-dessous. Dans ce reportage il parle de comment se déroule factuellement la gestion de crise par les autorités publiques en France:
Si la manière dont l’incendie de Lubrizol (et pas mal d’autres crises) a été « géré » par les autorités – à coup de déni, de mensonges, de contradictions et d’hésitations avec une bonne louche d’auto-justification douteuse a posteriori – vous rappelle quelque chose, c’est que votre cerveau est en état de marche.
L’observation des faits amène à une conclusion édifiante et consternante: encore et encore, laisser la gestion des crises à l’état aggrave ces crises, en introduisant des aléas moraux supplémentaires, et en détournant les ressources dont on a besoin pour assister les victimes vers la censure, les mesures autoritaires stupides et l’auto-justification a posteriori des autorités. La seule tâche que l’état s’échigne à accomplir réellement, c’est de se justifier. Le reste n’est qu’accessoire et colifichet pour l’édification des masses.
Les grands rites religieux de la république demandent des sacrifices.
Aussi paradoxal que cela paraisse, les enseignements que laissent les catastrophes, du 11 Septembre à l’ouragan Katrina en passant par Tchernobyl, c’est que nous réagissons à peu près toujours mieux et plus humainement quand on est seul parmi les autres, concerné directement et à égalité d’autrui face au risque ; que quand on se considère comme un membre d’un sous-groupe à part, et uniquement concerné collectivement par un danger immédiat mais distant.
Quand tu te sens pas concerné
Bref, c’est en étant tous pareillement livrés à nous-même et conscients de notre responsabilité envers chacun, que nous faisons preuve de notre meilleure cohésion sociale et des réactions les plus saines. Et c’est quand on se place au-dessus des autres qu’on les malmène.
Perpétuer l’illusion que certains ont besoin d’être responsables de tout à la place de tous les autres garantit à coup sûr qu’ils vont faire n’importe quoi et nous enfumer. Par effet d’éviction, l’état nous prive de la capacité d’intervenir au mieux dans les crises, et dilapide les moyens de faire face en diversions contre-productives, en bévues opportunistes (comme interdire les tests pas made-in-France pour favoriser les potes) et en gesticulations post-hoc des plus déplacées.
Le fond du problème est connu: à force de se prétendre le représentant et garant de « l’intégrêt général », on en vient à l’assimiler à son propre intérêt personnel, et à considérer les intérêts de tous les autres comme rivaux. C’est comme cela que les agences étatiques, faute de mise en cause, faute de ce que les zangliches appellent « accountability », en viennent à perdre contact avec le sol, et virent « rogue » – devenant de dangereux parasites collectifs.
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