Devoir de critique

Nous vivons une époque pleine d’inventions bizarres. La dernière en date c’est le « devoir de réserve » pour tous ceux qui sont distingués par un prix ou qui jouissent d’une certaine notoriété. Et, implicitement, ceux-ci devraient tous se rallier derrière le gouvernement et les institutions républicaines, sans qu’aucune tête ne dépasse, par pur principe. Etrange… il m’aurait plutôt semblé que ceux qui ont l’oreille de leurs contemporains devraient plus l’ouvrir que la fermer, et participer ainsi à revigorer la pensée ambiante. Quitte à critiquer la social-démocratie, les élus, et les croyances de leur époque, si populaires puissent-elles être.

À tous les niveaux de nos existences, à chaque échelle de la planète à la famille en passant par la tribu et ses avatars modernes, jusque dans le fonctionnement du cerveau humain, pour chaque petite décision que nous prenons, la dissonance est le mode de fonctionnement naturel. Nos neurones s’engueulent et se font la guerre en quasi-permanence: le consensus est un artifice, l’exception à la nature humaine et certainement pas sa règle, et le politiquement correct tue l’esprit humain, littéralement, au niveau cellulaire. Réprimer ses opinions et inspirations pour ne pas choquer l’autre constitue une double agression: d’une part une agression contre soi-même, une destruction sournoise de sa propre opinion et de sa propre identité ; mais c’est aussi un manque patent de respect pour l’autre, que de le croire trop faible pour faire face à la moindre dissension, en plus d’être un bien mauvais service à lui rendre que de le laisser confire dans ce que l’on est convaincu d’être une erreur.

Voilà ce que s’inflige et inflige à l’autre trop de monde aujourd’hui. Au nom d’Eris, il est plus que temps de reconnaître le devoir de critique.

À propos jesrad
Semi-esclave de la République Soviétique Socialiste Populaire de France.

4 Responses to Devoir de critique

  1. Corwin says:

    Assez stupéfiant, je soutenais hier encore le même point de vue à ma voisine de siège dans l’avion : le postulat du consensus à atteindre conditionne les gens à ne pas défendre, exprimer ou même concevoir dans leur propre crâne leur point de vue réel – mais une version altérée et émoussée qu’ils estiment être davantage en accord avec les intérêts et la sensibilité de leur interlocuteur. De fait le débat n’a jamais vraiment lieu et la « solution » trouvée n’est pas optimale puisque les données et objectifs sont demeurés informulés.

  2. jesrad says:

    Et ça ne m’étonne même pas 😀

    (L’avion ? de retour pour les vacances ? 🙂 )

  3. Ultralibéral qui mange les enfants says:

    Ne sont tenus à un devoir de réserve que les fonctionnaires, les magistrats et les militaires. Toute tentative pour appliquer un « devoir de réserve » à d’autres catégories s’inscrit dans une remise en cause (au moins partielle) de la liberté d’expression.

  4. Ultralibéral qui mange les enfants says:

    Censure à Obamaland : le Journaliste de CNN Lou Dobbs, très critique envers le programme économique du gouvernement fédéral, a démissionné. Mais il faudrait être un paranoïaque facsisto-ultralibral pour croire que le bisounours qui règne sur la Maison-Blanche a une quelconque relation avec cet évènement (surtout lorsque l’on connait les accointances gauchistes de Ted Turner, le proprio de CNN).

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